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Le karaté, avant d’être devenu le sport de compétition que nous connaissons, est un art martial japonais, riche d’une histoire culturelle passionnante. En France, plus de 200 000 personnes pratiquent cet art de combat éducatif. Le karaté est aujourd’hui l’un des sports les plus populaires au monde. Retour sur son incroyable histoire. 

 

Le karaté do (de son vrai nom complet) est un art martial de combat à mains nues d’origine japonaise. Les différentes parties du corps sont utilisées pour parer, bloquer, frapper, saisir, projeter… Art guerrier à ces débuts, il n’a cessé d’évoluer pour être aujourd’hui l’un des sports les plus pratiqués à la surface du globe.

LES ORIGINES – NAISSANCE A OKINAWA

Situé entre la Chine et le Japon, l’archipel des îles d’Okinawa a vu naître le karaté. Longtemps isolées, ces îles établissent au XIVème siècle des relations commerciales avec la Chine. Ces relations vont conduire à l’installation de familles chinoises dans certains villages de l’archipel.

En 1509, le roi d’Okinawa fait construire le château de Shuri et, par crainte de révolte, oblige tous les nobles et soldats à y entreposer leurs armes. Cette décision va être à l’origine du développement de ce que nous appelons le karaté.

La confiscation des armes va conduire à l’élaboration, à partir des techniques et sous l’influence des formes de combat chinoises importées par les familles installées, des premières formes de karaté. Cette méthode s’appelle à ce moment là le to de, la « main de Chine ». On parlera aussi plus tard d’okinawa te « la main d’Okinawa ».

Diverses approches techniques et tactiques vont naître puis prendre le nom des villages où elles se sont développées (naha te, shuri te, tomari te).

L’invasion en 1609 par les seigneurs japonais va modifier profondément la société d’Okinawa. La noblesse disparaît avec l’instauration du système féodal japonais. Ces nobles déchus vont perdre leurs privilèges et intégrer les couches modestes de la société en y divulguant progressivement  leur science du to de, l’ancêtre du karaté. La « main de Chine » va évoluer doucement, sa transmission étant réalisée dans le plus grand secret.

L’EVOLUTION DU TODE A OKINAWA

L’enseignement se fait de maître à disciples. Le maître choisit ses élèves et l’entraînement est essentiellement constitué d’enchaînements conventionnés (kata), qui sont les codifications des secrets des anciens maîtres. Le nombre de pratiquants reste restreint et ce mode de transmission va se perpétuer avec le Japon féodal jusqu’au début du XXème siècle.

C’est la reconnaissance du to de comme discipline d’éducation physique et son introduction en 1901 à l’école primaire de Shuri, par maître Itosu, qui vont être le point de départ de la structuration du karaté moderne.

Après avoir démontré l’intérêt éducatif de cette pratique, le to de est reconnu comme discipline d’éducation physique en 1905. L’enseignement passe d’un système de maître à disciple à un système d’enseignement de masse copié sur le modèle d’entraînement des armées de Napoléon III, après les échanges entre le France et le Japon !

L’appellation karaté (« main de Chine », kara : Chine, te : main) va progressivement remplacer l’appellation to de qui signifiait la même chose mais dans un autre dialecte (to : Chine, de : main).

LA NAISSANCE DU KARATE MODERNE

La pratique dans les écoles d’Okinawa est remarquée par le prince impérial. Il décide d’envoyer à Tokyo un enseignant pour présenter le karaté  à l’exposition nationale d’éducation physique en 1922. C’est Gichin Funakoshi, un instituteur originaire de Shuri, élève de maître Itosu, qui est choisi pour ses qualités de pédagogue.

L’opération est un succès et Gichin Funakoshi prend la décision de rester vivre à Tokyo pour se consacrer au développement et à la promotion du karaté, c’est ainsi qu’il commence à enseigner à l’université, dans les mois qui suivirent sa démonstration.

Dans un contexte de fort nationalisme japonais (tout ce qui venait de la Chine n’était pas apprécié), et pour permettre une reconnaissance complète de son art par les Japonais, Funakoshi va transformer le nom du karaté.  Il décide de changer la signification de l’idéogramme « kara » qui réfère à la Chine mais qui peut aussi être interprétée par « vide ». Karaté (« la main de Chine ») devient ainsi Karaté (« la main vide »).

Ce changement de nom est aussi accompagné par une reconsidération de la discipline, à laquelle Funakoshi souhaite donner une approche plus spirituelle.

Jigoro Kano, fondateur du Judo, est à cette époque un maître d’arts martiaux très respecté au Japon. Il a eu l’idée révolutionnaire de restructurer les arts de combats japonais (bujutsu) en voies spirituelles (budo), le suffixe « do » signifiant « voie ».  Funakoshi, dans son objectif de développement du karaté, a été très influencé et beaucoup aidé par Kano.

En quête de reconnaissance et pour prétendre à intégrer la grande famille des arts martiaux japonais, Funkaoshi décide lui aussi, à l’instar de Jigoro Kano, de transformer son art en Budo. C’est ainsi que la Karaté va devenir karaté do (« la voie de la main vide »).

L’appellation du karaté n’a plus changé depuis ce jour.

Au regard du succès que rencontre Funakoshi, plusieurs maîtres d’Okinawa vont suivre la voie tracée par l’instituteur originaire de Shuri et venir s’installer au Japon pour enseigner le karaté. Ces différents maîtres et l’enseignement qu’ils vont prodiguer (qui diffère selon la formation de chacun) seront à l’origine des styles de karaté.

En raison de toutes les modifications opérées et de l’investissement qu’il a mis au service du karaté et de son développement, Gichin Funakoshi est considéré par tous comme le père du karaté moderne.

L’OUVERTURE SUR LE MONDE

Après la seconde Guerre Mondiale, plusieurs maîtres japonais décidèrent de s’exporter et de diffuser l’enseignement du karaté à travers le monde. C’est ainsi que le premier expert japonais de karaté arriva en France en 1950.

L’évolution sportive du karaté fut inévitable, et les premières compétitions eurent lieu au Japon en 1960. Les premiers championnats du Monde ont été organisés à Tokyo en 1970 et le karaté connut par la suite une expansion mondiale.

La fédération française de karaté, fondée en 1975, compte aujourd’hui plus de 200 000 pratiquants, répartis dans plus de 4 000 clubs dans toute la France.

Matthieu Verneret (http://www.matthieuverneret.com/histoire-du-karate/)

Références :

 L’histoire du karaté-do – K.Tokitsu – édition EM 2003 ; Encyclopédie des arts martiaux – R.Habersetzer – édition Amphora 2006 ; Karaté Do l’Esprit Guerrier – F.Didier – édition Sedirep 1985 ;  Karaté-do ma Voie, ma Vie – G.Funakoshi – Budo Editions 1993